sexta-feira, 25 de maio de 2012

Cristóvão e Francisco de Aguiar em Francês "Catarse"

 L’incipit de Catarse

L’ordinateur est déjà installé dans mon nouvel appartement. L’adresse électronique ne change pas. Le technicien à peine parti, j’ai entrepris tout de suite de voir mon courrier. Il y en avait. Comme l’on pouvait prévoir, le  premier message que j’ouvris était de toi… J’aime habiter dans mon nouvel appartement. À vrai dire j’ai tout en ordre, il me faut juste installer la chaîne stéréo. Je me sens fatigué, mais de bonne humeur. Je vais maintenant à la fête des finalistes de mon Lycée.

La lettre que je viens de lire m’a été agréable, car tu t’adaptes bien à ton nouveau petit coin, the corner of your own1. En même temps, cette lettre m’a donné l’occasion de me rappeler une foule de souvenirs, à moitié oubliés, mais latents, liés aux maisons et aux déménagements respectifs et à leurs complications […]. Ton changement de maison et de ville a dû être la meilleure et la plus sage décision que tu aies prise ces dernières années. Il devenait insupportable et déprimant d’habiter, durant quatre décennies environ, dans la même petite ville où tu as tant souffert, physiquement et psychologiquement ! […] La maison est notre miroir, ou, comme le dit un proverbe anglais : An Englishman’s home is his castle2 … Et ta nouvelle maison, située loin des souvenirs massacrants, non souillée par des amertumes ou des esprits, deviendra ton refuge… N’accroche pas aux murs les portraits des fantômes qui te tourmentent. Range tes affaires lentement, cette tâche est un calmant, mets tes livres à portée de la main et de l’esprit. Ils te tiendront une agréable compagnie, silencieusement (mieux encore), qui sait s’ils ne t’offriront pas une intimité affectueuse, précisément parce qu’ils sont naturellement aveugles, sourds et muets. Dans un resserrement plus aigu de solitude, tu sais qu’ils sont là à ta disposition et tu pourras, à tout moment, leur poser les questions les plus absurdes, ils ne se fâcheront pas ni ne bouderont si tes visites sont espacées.  Ils n’arrosent pas la fleur de la jalousie et écoutent encore moins les mauvaises langues. Grâce à leur nature et à leur rôle, ils sont tolérants et ne se plaignent jamais. Si quelque souvenir des plus vifs vient subitement frapper à ta porte, mets-le dehors et sors : marche, va à la piscine, évoque un souvenir agréable et demande-lui d’expulser le mauvais… Je suis sûr que ce changement de maison et de ville sera le commencement d’une nouvelle phase dans ta vie. Savoure-la en toute plénitude. Lorsque tu ouvriras la porte, n’oublie pas de nettoyer tes pieds, pour qu’aucune poussière obstinée de ta mémoire perturbée ne puisse y entrer. Difficile? Sans aucun doute! Mais l’impossible n’est pas, ni n’a jamais été, domicilié dans le royaume de la volonté. Tu dois te souvenir que tu m’as téléphoné la veille de ton déménagement. Tu t’en souviens sans doute.  Touchée par l’ombre ta voix ne m’a pas trompée. Cela m’a perturbé : j’ai pressenti une rechute de dernière heure… Je me suis contenu juste à temps, je ne pouvais pas te le révéler dans l’intonation de ma voix, qu’une inquiétude soudaine m’avait envahie […]. Chaque fois qu’ils déménageaient, certains membres de notre famille la plus proche étaient enclins à souffrir de graves troubles psychologiques. Tu te souviens de Maria Manuela, surnommée Mané, la fille de tante Maria da Ascensão ? Avant de partir en Amérique, elle a déménagé sept fois! Pour paraphraser le poète Manuel Alegre, on dirait qu’elle était à la recherche de la maison qui n’existe pas

J’ai eu de la chance de ne pas être entré dans un tel tourment héréditaire : seul le fantôme de la villa de l’Alto da Granja m’a poursuivi pendant quelque temps, surtout dans mes rêves et dans mes cauchemars. Au final, avec une demi-douzaine de sorties en haut, tôt le matin, pour faire du jogging, j’ai affronté le spectre qui me rongeait les viscères les plus nobles et, peu à peu, le spectre de la mémoire affective s’est éteint. Je fus exorcisé de l’apparition impertinente.

Avant cela, et alors que j’étais encore étudiant, j’ai changé de chambre et de rue au moins trois fois et cela ne m’a pas surpris. Ma maison sur l’île, qui donnait sur la mer et qui se trouvait en face d’une autre sœur jumelle, me servit d’ « ersatz », ou si tu préfères, de placébo. »

 (Cristóvão de Aguiar e Francisco de Aguiar, Catharsis. Dialogue épistolaire en forme de roman, Lápis de Memórias, avril 2011, pp.11-12-13-14).

Fonte:



Em colaboração com os Colóquios da Lusofonia EM 2012 os estudantes de Mestrado, coordenados pela incansável Rosário Girão (Universidade do Minho, Departamento de Estudos Românicos no seu Mestrado de Tradução e Comunicação Multilingue) estão a trabalhar traduções em Francês de vários excertos de autores açorianos contemporâneos (ou o princípio ou o fim de cada obra selecionada) pelo que aqui publicaremos essas traduções depois de enviadas para os autores apreciarem. Chrys Chrystello AICL
Étudiante : Virginia Henry Martins
28.3.12

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Cyrano de Bergerac

Cyrano de Bergerac
Eugénio Macedo - 1995

TANTO MAR

A Cristóvão de Aguiar, junto
do qual este poema começou a nascer.

Atlântico até onde chega o olhar.
E o resto é lava
e flores.
Não há palavra
com tanto mar
como a palavra Açores.

Manuel Alegre
Pico 27.07.2006